lunes, 27 de agosto de 2012
En sortant de l'école
En sortant de l'école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré
Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés
Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires
des cinq doigts de la main
tournant ma manivelle
d'un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins
Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la Terre
fuyait tout autour de la mer
fuyait devant l'hiver
qui voulait l'attraper
Mais nous sur notre chemin de fer
on s'est mis à rouler
rouler derrière l'hiver
et on l'a écrasé
et la maison s'est arrêtée
et le printemps nous a salués
C'était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie du chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer
Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture
et en bateau à voiles.
Jacques Prévert
Mathématiques
Quarante
enfants dans une salle,
Un
tableau noir et son triangle.
Un grand
cercle hésitant et sourd
Son
centre bat comme un tambour.
Des
lettres sans mots ni patrie
Dans une
attente endolorie.
Le
parapet dur d’un trapèze,
Une voix
qui s’élève et s’apaise
Et le
problème furieux
Se
tortille et se mord la queue.
La
mâchoire d’un angle s’ouvre.
Est-ce
une chienne ?
Est-ce
une louve ?
Et tous
les chiffres de la terre,
Tous ces
insectes qui défont
Et qui
refont leur fourmilière
Sous les
yeux fixes des garçons.
Jules Supervielle
Un poème
Bien
placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrème
un poème
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrème
un poème
Raymond
Queneau
Le cancre
Il dit
non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
Jacques Prévert
La Tortue
Je suis
tortue et je suis belle,
Il ne me
manque que des ailes
Pour
imiter les hirondelles,
Que ? Que
?
Mon
élégant corset d’écailles
Sans
boutons, sans vernis, ni mailles
Est
exactement à ma taille.
Ni ? Ni ?
Je suis
tortue et non bossue,
Je suis
tortue et non cossue,
Je suis
tortue et non déçue,
Eh ? Non
?
Robert Desnos
Toto
Dis d'où
tu viens Toto ?
Je viens par ma mère
de Quito et par mon père de Toronto
j'ai sept frères
et sœurs et un manteau
plein de courants d'air
comme la cordillère et les hauts plateaux
mon père a une grande voiture vert
eau et ma mère cette vieille photo
où son père et sa mère
s'embrassent sur le bateau
qui un hiver
les conduisit de Quito à Toronto
Je viens par ma mère
de Quito et par mon père de Toronto
j'ai sept frères
et sœurs et un manteau
plein de courants d'air
comme la cordillère et les hauts plateaux
mon père a une grande voiture vert
eau et ma mère cette vieille photo
où son père et sa mère
s'embrassent sur le bateau
qui un hiver
les conduisit de Quito à Toronto
Bernard
Chambaz
Le multiplicateur quatre (la nièce attentionnée)
Séraphine,
dans sa main,
Tient
QUATRE fleurs du jardin
Qu’elle a
cueillies à QUATRE pattes,
Quatre
fois un, quatre,
Va au
marché, choisit des truites,
Quatre
fois deux, huit,
Qu’elle
pose dans sa blouse
Quatre
fois trois, douze,
Achète un
panier de fraises,
Quatre
fois quatre, seize,
Une
bouteille de vin,
Quatre
fois cinq, vingt,
Un cornet
de belles dattes,
Quatre
fois six, vingt-quatre,
Puis une
douzaine d’huîtres,
Quatre
fois sept, vingt-huit,
Puis un
ananas juteux,
Quatre
fois huit, trente-deux,
Enfin,
des grappes de cassis,
Quatre
fois neuf, trente-six
Pour la
fête de sa tante,
Quatre
fois dix, quarante.
Jean Tardieu
Dis papa
des histoires à raconter
y en aurait combien ?
C'est à l'infini !
Mais combien
même à peu près ?
On ne peut pas compter !
C'est à l'infini
et l'infini
n'a pas d'à peu près
Autant que des mites ?
Je ne sais pas
Autant que des rats ?
Ma foi !
Autant que quoi
à ton avis ?
Autant que des sardines
que des papillons
Autant qu'il y a de chevaux
et d'hirondelles
autant et même plus !
Et même plus ça ferait combien ?
Et même plus ça ferait des histoires
à n'en plus finir
Ah ! C'est bien !
Dis papa
tu m'en diras plein ?
Philippe de Boissy
des histoires à raconter
y en aurait combien ?
C'est à l'infini !
Mais combien
même à peu près ?
On ne peut pas compter !
C'est à l'infini
et l'infini
n'a pas d'à peu près
Autant que des mites ?
Je ne sais pas
Autant que des rats ?
Ma foi !
Autant que quoi
à ton avis ?
Autant que des sardines
que des papillons
Autant qu'il y a de chevaux
et d'hirondelles
autant et même plus !
Et même plus ça ferait combien ?
Et même plus ça ferait des histoires
à n'en plus finir
Ah ! C'est bien !
Dis papa
tu m'en diras plein ?
Philippe de Boissy
Dans Paris il y a une rue
Dans
Paris il y a une rue;
dans
cette rue il y a une maison;
dans
cette maison il y a un escalier;
dans cet
escalier il y a une chambre;
dans
cette chambre il y a une table;
sur cette
table il y a un tapis;
sur ce
tapis il y a une cage;
dans
cette cage il y a un nid;
dans ce
nid il y a un oeuf;
dans cet
oeuf il y a un oiseau.
L'oiseau
renversa l'oeuf; l'oeuf renversa le nid;
le nid
renversa la cage; la cage renversa le tapis;
le tapis
renversa la table; la table renversa la chambre;
la
chambre renversa l'escalier; l'escalier renversa la maison
la maison
renversa la rue; la rue renversa la ville de Paris.
Paul Éluard
Ne cherchez pas
Un homme
de bois épousa
Une femme de pierre.
Ils eurent des enfants, ma foi,
Vous ne devinez guère
En quoi :
En bronze,en chêne,en cuivre,en fer ?
Ne cherchez pas.
Vous ne trouveriez pas.
Ils eurent, après cent trois mois,
Des enfants, tous en chocolat.
Une femme de pierre.
Ils eurent des enfants, ma foi,
Vous ne devinez guère
En quoi :
En bronze,en chêne,en cuivre,en fer ?
Ne cherchez pas.
Vous ne trouveriez pas.
Ils eurent, après cent trois mois,
Des enfants, tous en chocolat.
Maurice Carême
Bestiaire du coquillage
Pomme et poire
Pomme et
poire
Dans l’armoire
Dans l’armoire
Fraise et
noix
Dans le bois
Dans le bois
Sucre et
pain
Dans ma main
Dans ma main
Plume et
colle
Dans l’école
Dans l’école
Et le
faiseur de bêtises
Bien au chaud dans ma chemise.
Bien au chaud dans ma chemise.
Luc Bérimont
L'enfant qui est dans la lune
L'enfant
qui est dans la lune
Cet
enfant, toujours dans la lune,
S'y trouve bien, s'y trouve heureux.
Pourquoi le déranger? La lune
Est un endroit d'où l'on voit le mieux.
S'y trouve bien, s'y trouve heureux.
Pourquoi le déranger? La lune
Est un endroit d'où l'on voit le mieux.
Claude Roy
L'escargot
Est-ce
que le temps est beau ?
Se demandait l'escargot
Car, pour moi, s'il faisait beau
C'est qu'il ferait vilain temps.
J'aime qu'il tombe de l'eau,
Voilà mon tempérament.
Se demandait l'escargot
Car, pour moi, s'il faisait beau
C'est qu'il ferait vilain temps.
J'aime qu'il tombe de l'eau,
Voilà mon tempérament.
Combien
de gens, et sans coquille,
N'aiment pas que le soleil brille.
Il est caché ? Il reviendra !
L'escargot ? On le mangera.
N'aiment pas que le soleil brille.
Il est caché ? Il reviendra !
L'escargot ? On le mangera.
Robert Desnos
miércoles, 1 de agosto de 2012
« Gallimard 1911-2011. Un siècle d’édition »
La Médiathèque de l'Alliance Francaise accueille l’exposition didactique consacrée au Centenaire. Déclinaison de l’exposition parisienne, elle offre au public une rétrospective d’un siècle de découvertes, d’innovations éditoriales et de succès littéraires.
Hall d'entrée de la Médiathèque pendant tout le mois d'août
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