
miércoles, 17 de agosto de 2011
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Parler de Jacmel (extrait)
…
Quand je vivais à Cuba, il me suffisait de tourner le regard vers la mer des Caraïbes pour avoir de nouveau sous les yeux, a b c de mon éthique comme de mon esthétique, fil du merveilleux dans le cours de mes jours et de mes travaux, l'exceptionnel étincellement du grand océan qui baigne mon pays natal.
Je revois à volonté le lever du soleil dans le golfe de mon enfance: le mouvement passionné des vagues, l'éclat de l'écume, le prodige de l'eau et du ciel bleu, qui ont là-bas une intensité de vie à vous couper le souffle. On se dit pour toujours : tu es un élément vital de cette fête du cosmos ; tu es en vie, les espoirs les plus fous sont permis, tu es un être libre avec la joyeuse énergie de la mer, il y a pour toi toute l'allégresse du monde à prendre conscience que la vie en soi détient le secret de l'ivresse de vivre.
...
…
Quand je vivais à Cuba, il me suffisait de tourner le regard vers la mer des Caraïbes pour avoir de nouveau sous les yeux, a b c de mon éthique comme de mon esthétique, fil du merveilleux dans le cours de mes jours et de mes travaux, l'exceptionnel étincellement du grand océan qui baigne mon pays natal.
Je revois à volonté le lever du soleil dans le golfe de mon enfance: le mouvement passionné des vagues, l'éclat de l'écume, le prodige de l'eau et du ciel bleu, qui ont là-bas une intensité de vie à vous couper le souffle. On se dit pour toujours : tu es un élément vital de cette fête du cosmos ; tu es en vie, les espoirs les plus fous sont permis, tu es un être libre avec la joyeuse énergie de la mer, il y a pour toi toute l'allégresse du monde à prendre conscience que la vie en soi détient le secret de l'ivresse de vivre.
...
René Depestre, Écrire le pays
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Non-assistance à poètes en danger
La tendresse des poètes voyage
en baleine bleue autour du monde
aidez-nous à sauver cette espèce
en voie de disparition
La tendresse des poètes voyage
en baleine bleue autour du monde
aidez-nous à sauver cette espèce
en voie de disparition
René Depestre, Non-assistance à poètes en danger
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
La rivière
Voilà, c'est fait, je suis devenu une rivière.
Ce sera une grande aventure jusqu'à la mer.
Quel nom me donnera-t-on sur les cartes ?
D'où vient ce cours d'eau inconnu ?
Quel ciel reflète-t-il dans ses flots ?
Quelle paix, quelle faim, quelle douleur ?
Pardonnez-moi messieurs les géographes
Je ne l'ai pas fait exprès
J'aimais voir couler l'eau
Sur toutes les soifs
Il y a tant d'assoiffés dans le monde
Pour eux me voici changé en rivière !
Je n'aimais pas voir couler les larmes
Étant rivière je pourrai qui sait
Couler à leur place.
Je n'aimais pas voir verser le sang
Étant rivière je pourrai
Être versé partout à sa place.
Mon destin est peut-être d'emporter
À la mer toutes les peines !
René Depestre, Journal d'un animal marin (1964)
Voilà, c'est fait, je suis devenu une rivière.
Ce sera une grande aventure jusqu'à la mer.
Quel nom me donnera-t-on sur les cartes ?
D'où vient ce cours d'eau inconnu ?
Quel ciel reflète-t-il dans ses flots ?
Quelle paix, quelle faim, quelle douleur ?
Pardonnez-moi messieurs les géographes
Je ne l'ai pas fait exprès
J'aimais voir couler l'eau
Sur toutes les soifs
Il y a tant d'assoiffés dans le monde
Pour eux me voici changé en rivière !
Je n'aimais pas voir couler les larmes
Étant rivière je pourrai qui sait
Couler à leur place.
Je n'aimais pas voir verser le sang
Étant rivière je pourrai
Être versé partout à sa place.
Mon destin est peut-être d'emporter
À la mer toutes les peines !
René Depestre, Journal d'un animal marin (1964)
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
«De temps à autre,
il est bon et juste
de conduire à la rivière
la langue française
et de lui frotter le corps
avec les herbes parfumées
qui poussent bien en amont
de nos vertiges d’ancien nègre marron.»
il est bon et juste
de conduire à la rivière
la langue française
et de lui frotter le corps
avec les herbes parfumées
qui poussent bien en amont
de nos vertiges d’ancien nègre marron.»
René Depestre, Rage de vivre
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Brocéliande
pour Jean-Luc Lerebourg
Je pénètre dans les rayons
où tous les livres ont des pousses
où les lettres sont des insectes
où les titres sont des parfums
que brassent les vents de lecture
dans la tête des écoliers
qui ont su ne pas renoncer
malgré les passages d'années
aux escalades dans les branches
du savoir et de l'ignorance
inventive guettant aux cimes
dangereuses de la recherche
oscillant au moindre soupir
les aventures des châteaux
les navires en découverte
les atlas des explorations
les dictionnaires des planètes
les celliers des langues anciennes
les volières du temps qui passe
les clefs des songes et des veilles
où tous les livres ont des pousses
où les lettres sont des insectes
où les titres sont des parfums
que brassent les vents de lecture
dans la tête des écoliers
qui ont su ne pas renoncer
malgré les passages d'années
aux escalades dans les branches
du savoir et de l'ignorance
inventive guettant aux cimes
dangereuses de la recherche
oscillant au moindre soupir
les aventures des châteaux
les navires en découverte
les atlas des explorations
les dictionnaires des planètes
les celliers des langues anciennes
les volières du temps qui passe
les clefs des songes et des veilles
Michel Butor
Livre Lerebourg
Livre Lerebourg
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
La fontaine de jouvence
pour Claude Viallat
1
Ruissellement
Nuages dans le ciel
vagues sur la mer
torses dans les plis
oiseaux dans les bois
Ce sont des gouttes
Nuages sur la mer
torses dans les bois
promesses des livres
caravelles sous le vent
Ce sont des sables
qui glissent
Nuages sur les bois
promesses du vent
sargasses dans la tourmente
vitraux sur la ville
Ce sont des gouttes
et des sables
qui glissent entre mes lèvres
Nuages dans le vent
sargasses de flammes
îles sur le fleuve
poissons dans la nuit
Ruissellement de sable
Ruissellement
Nuages dans le ciel
vagues sur la mer
torses dans les plis
oiseaux dans les bois
Ce sont des gouttes
Nuages sur la mer
torses dans les bois
promesses des livres
caravelles sous le vent
Ce sont des sables
qui glissent
Nuages sur les bois
promesses du vent
sargasses dans la tourmente
vitraux sur la ville
Ce sont des gouttes
et des sables
qui glissent entre mes lèvres
Nuages dans le vent
sargasses de flammes
îles sur le fleuve
poissons dans la nuit
Ruissellement de sable
Michel Butor
(extrait / dans poésie au jour le jour 2)
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Sur la plage
Les mouettes se sont dissoutes
Dans l'air indiciblement pâle.
Le sable est si blanc qu'on en doute.
Les dunes ont perdu leur hâle.
Seuls d'étonnants feux roses
Passent là-bas très haut dans l'air
En éclosant comme des roses
Dont le rosier serait la mer.
Les mouettes se sont dissoutes
Dans l'air indiciblement pâle.
Le sable est si blanc qu'on en doute.
Les dunes ont perdu leur hâle.
Seuls d'étonnants feux roses
Passent là-bas très haut dans l'air
En éclosant comme des roses
Dont le rosier serait la mer.
Maurice Carême
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Le lac endormi
Un sapin, la nuit,
Quand nul ne le voit,
Devient une barque
Sans rames ni bras.
On entend parfois
Quelque clapotis,
Et l'eau s'effarouche
Tout autour de lui.
Un sapin, la nuit,
Quand nul ne le voit,
Devient une barque
Sans rames ni bras.
On entend parfois
Quelque clapotis,
Et l'eau s'effarouche
Tout autour de lui.
Jules Supervielle
Poète franco-uruguayen
Poète franco-uruguayen
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Dans une boîte, je rapporte
Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Je l'ouvre ! Fermez bien la porte
Respirez à fond ! Quelle force !
La campagne en ma boîte enclose
Nous redonne l'odeur des roses,
Le parfum puissant des écorces,
Les arômes de la forêt...
Mais couvrez vous bien, je vous prie,
Car la boîte est presque finie :
C'est que le fond de l'air est frais.
Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Je l'ouvre ! Fermez bien la porte
Respirez à fond ! Quelle force !
La campagne en ma boîte enclose
Nous redonne l'odeur des roses,
Le parfum puissant des écorces,
Les arômes de la forêt...
Mais couvrez vous bien, je vous prie,
Car la boîte est presque finie :
C'est que le fond de l'air est frais.
Jacques Charpentreau
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Vesper
Le berger pique une étoile
il dit c'est celle-là
c'est celle-là qui étincelle
et qui scintille exprès pour moi
ce n'est pas telle ou telle autre
dans le grand champ picoré
quelle poule gigantesque
a pu trouer le noir papier
non ce n'est pas celle rouge
ce n'est pas la verte non plus
ce n'est pas celle qui bouge
une seule lui a plu
le berger sait que cette étoile
le mène à travers la vie
et le recouvre de son voile
lorsqu'il s'endort dans la nuit
d'ailleurs c'est une planète
mais sur la question le berger
n'a pas d'idée aussi nette
qu'en aurait un cosmonaute
Le berger pique une étoile
il dit c'est celle-là
c'est celle-là qui étincelle
et qui scintille exprès pour moi
ce n'est pas telle ou telle autre
dans le grand champ picoré
quelle poule gigantesque
a pu trouer le noir papier
non ce n'est pas celle rouge
ce n'est pas la verte non plus
ce n'est pas celle qui bouge
une seule lui a plu
le berger sait que cette étoile
le mène à travers la vie
et le recouvre de son voile
lorsqu'il s'endort dans la nuit
d'ailleurs c'est une planète
mais sur la question le berger
n'a pas d'idée aussi nette
qu'en aurait un cosmonaute
Raymond Queneau
Battre la campagne
Battre la campagne
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
… Mais il y a encore tout le vaste monde. Car par-dessus le mur et les murs, le regard qui s'en va rencontre beaucoup de choses. Est-ce que tu vois: c'est bleu, c'est blanc, tacheté de bleu et de blanc, mais il faut lever la tête: est-ce que tu vois tout là-haut dans le ciel encore pâle, ces pointes, ces cornes, ces tours, ces montagnes en air comprimé, comme si on avait serré de l'air entre ses mains,
ces blocs d'azur superposés; et ils existent doublement parce qu'ils sont à la fois dressés devant nous et renversés dans l'eau du lac, de sorte qu'en même temps ils sont beaucoup plus haut que nous et en même temps au-dessous de nous, tout au long d'une rive du lac à l'autre.
...
ces blocs d'azur superposés; et ils existent doublement parce qu'ils sont à la fois dressés devant nous et renversés dans l'eau du lac, de sorte qu'en même temps ils sont beaucoup plus haut que nous et en même temps au-dessous de nous, tout au long d'une rive du lac à l'autre.
...
Charles-Ferdinand Ramuz
Chant de Pâques
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Dorsale bossale
il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
il y a des volcans fous
il y a des volcans ivres à la dérive
il y a des volcans qui vivent en meute et patrouillent
il y a des volcans dont la gueule émerge de temps en temps
véritables chiens de la mer
il y a des volcans qui se voilent la face
toujours dans les nuages
il y a des volcans vautrés comme des rhinocéros fatigués
dont on peut palper la poche galactique
il y a des volcans pieux qui élèvent des monuments
à la gloire des peuples disparus
il y a des volcans vigilants
des volcans qui aboient
montant la garde au seuil du Kraal des peuples endormis
il y a des volcans fantasques qui apparaissent
et disparaissent
(ce sont jeux lémuriens)
il ne faut pas oublier ceux qui ne sont pas les moindres
les volcans qu'aucune dorsale n'a jamais repérés
et dont de nuit les rancunes se construisent
il y a des volcans dont l'embouchure est à la mesure
exacte de l'antique déchirure.
Aimé Césaire
Moi, laminaire
il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
il y a des volcans fous
il y a des volcans ivres à la dérive
il y a des volcans qui vivent en meute et patrouillent
il y a des volcans dont la gueule émerge de temps en temps
véritables chiens de la mer
il y a des volcans qui se voilent la face
toujours dans les nuages
il y a des volcans vautrés comme des rhinocéros fatigués
dont on peut palper la poche galactique
il y a des volcans pieux qui élèvent des monuments
à la gloire des peuples disparus
il y a des volcans vigilants
des volcans qui aboient
montant la garde au seuil du Kraal des peuples endormis
il y a des volcans fantasques qui apparaissent
et disparaissent
(ce sont jeux lémuriens)
il ne faut pas oublier ceux qui ne sont pas les moindres
les volcans qu'aucune dorsale n'a jamais repérés
et dont de nuit les rancunes se construisent
il y a des volcans dont l'embouchure est à la mesure
exacte de l'antique déchirure.
Aimé Césaire
Moi, laminaire
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.
Joachim du Bellay (1522-1560)
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Ciel, air et vents, plains et monts découverts
Ciel, air et vents, plains et monts découverts,
Tertres vineux et forêts verdoyantes,
Rivages torts et sources ondoyantes,
Taillis rasés et vous bocages verts,
Antres moussus à demi-front ouverts,
Prés, boutons, fleurs et herbes roussoyantes,
Vallons bossus et plages blondoyantes,
Et vous rochers, les hôtes de mes vers,
Puis qu'au partir, rongé de soin et d'ire,
A ce bel oeil Adieu je n'ai su dire,
Qui près et loin me détient en émoi,
Je vous supplie, Ciel, air, vents, monts et plaines,
Taillis, forêts, rivages et fontaines,
Antres, prés, fleurs, dites-le-lui pour moi.
Ciel, air et vents, plains et monts découverts,
Tertres vineux et forêts verdoyantes,
Rivages torts et sources ondoyantes,
Taillis rasés et vous bocages verts,
Antres moussus à demi-front ouverts,
Prés, boutons, fleurs et herbes roussoyantes,
Vallons bossus et plages blondoyantes,
Et vous rochers, les hôtes de mes vers,
Puis qu'au partir, rongé de soin et d'ire,
A ce bel oeil Adieu je n'ai su dire,
Qui près et loin me détient en émoi,
Je vous supplie, Ciel, air, vents, monts et plaines,
Taillis, forêts, rivages et fontaines,
Antres, prés, fleurs, dites-le-lui pour moi.
Pierre de Ronsard (1524-1585)
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Rondeau étrange des visages et paysages
La nature a ses visages
Qu'on appelle paysages
Des humains les paysages
Sont ce qu'on appelle visages
On couvre les paysages
De silence et les visages
De nature
Comment rendre les visages
Conformes aux paysages
Et rendre sans paysages
La nature a ses visages ?
La nature a ses visages
Qu'on appelle paysages
Des humains les paysages
Sont ce qu'on appelle visages
On couvre les paysages
De silence et les visages
De nature
Comment rendre les visages
Conformes aux paysages
Et rendre sans paysages
La nature a ses visages ?
Jacques Roubaud
Rondeaux
Rondeaux
Notre sélection pour le Printemps des Poètes 2011: d'infinis paysages.
Iles
Iles
Iles
lles où l’on ne prendra jamais terre
Iles où l’on ne descendra jamais
Iles couvertes de végétations
Iles tapies comme des jaguars
Iles muettes
Iles immobiles
Iles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord car je
voudrais
bien aller jusqu’à vous
Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924
Iles
Iles
lles où l’on ne prendra jamais terre
Iles où l’on ne descendra jamais
Iles couvertes de végétations
Iles tapies comme des jaguars
Iles muettes
Iles immobiles
Iles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord car je
voudrais
bien aller jusqu’à vous
Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924
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